Babel n°727
Je suis sortie "toute chose" du très beau roman d'Henry Bauchau, L'enfant bleu. Bien qu'il ne nous emmène pas dans des contrées lointaines - d'un point de vue géographique -, c'est quand même à un voyage qu'il nous convie. Un voyage dans les méandres de l'esprit d'Orion, un adolescent handicapé suivi par Véronique, une "madame psy" employée dans un centre de jour.
Orion est un adolescent qui se sent possédé par des démons. Ils ne sont pas là en permanence, mais il les sent souvent à l'affût, prêts à s'emparer de son esprit et de son corps. Dans ces moments-là, il ne sent plus sa force et tente d'expulser, par la violence physique, ceux qui l'habitent. Mais Orion, c'est aussi - et surtout - un imaginaire débordant que Véronique va rapidement découvrir et encourager. Si le jeune homme éprouve des difficultés à mettre des mots sur ce qu'il voit dans sa tête, il n'a aucun problème, en revanche, à dessiner, mettre des couleurs, des formes... Et si l'avenir de cet ado en souffrance passait par l'art ? Véronique en a la conviction, même si elle sait que le chemin sera long, difficile, douloureux. D'autant qu'il fait écho à un chemin plus personnel.
Orion dessine, peint, sculpte, Véronique, elle, écrit. Et son compagnon, Vasco, compose. Avec souffrance et détermination. Cest là un des grands thèmes de ce roman : l'art comme moyen d'expression, mais aussi d'accomplissement. Orion dessine des îles, Véronique s'en inspire pour écrire des poèmes que Vasco met en musique. Le tout dans une ronde où ces différentes destinées sont intimement liées.
Au fil des pages et des rencontres entre Orion et Véronique, Bauchau nous mène dans les recoins de la psychose du jeune garçon avec le regard et la connaissance propre à cet écrivain-psychiatre. Mais point de grande théorie : l'auteur nous confronte à la vie, à la souffrance, à la peur... et ses mots résonnent bien après ses derniers mots.
Henri Bauchau est décédé le 21 septembre dernier, à l'âge de 99 ans. Ce grand écrivain belge, venu à la littérature "tardivement" (il a publié son premier livre à l'âge de 45 ans) se disait devenu écrivain "par espérance". Un Fonds lui est consacré à l'Université Catholique de Louvain-la-Neuve.
Henri Bauchau est décédé le 21 septembre dernier, à l'âge de 99 ans. Ce grand écrivain belge, venu à la littérature "tardivement" (il a publié son premier livre à l'âge de 45 ans) se disait devenu écrivain "par espérance". Un Fonds lui est consacré à l'Université Catholique de Louvain-la-Neuve.
Magnifique blog, chère Sylvie et quelle joie de voir un projet qui se concrétise. tout est beau, et bien choisi.
RépondreSupprimerA propos de ce livre-ci, je signale une exposition qui se tient au musée Art et Marges (rue Haute, 312-314 à Bruxelles) Elle est intitulée "Lionel, l'enfant bleu d'Henri Bauchau" et présente donc les oeuvres de Lionel, le personnage qui a inspiré L'enfant bleu, devenu adulte depuis! L'expo dure jusqu'au 27 janvier. www.artetmarges.be