Sri Lanka, plantation de thé à Nuwara Eliya (© Sylvie Strobl)

dimanche 19 avril 2015

Les mille et une gaffes de l'ange gardien Ariel Auvinen

Arto Paasilinna
Traduit du finnois par Anne Colin du Terrail
Folio n°5931


De son vivant, Ariel Auvinen était un brave homme, sans grande envergure. Aussi espère-t-il se rattraper après son décès lorsque que l'opportunité lui est donnée de rejoindre la cohorte des anges gardiens menée par Gabriel. C'est d'ailleurs auprès de ce dernier, dans une église de Kerimäki en Finlande, qu'Ariel et d'autres trépassés suivent un séminaire de formation afin d'apprendre à protéger les mortels qui leur sont confiés. Mais pour qui s'imagine que cela est aisé, Ariel est la preuve flagrante qu'il n'en n'est rien ! 

Doté d'une paire d'ailes de 10 mètres d'envergure qui compliquent ses déplacements, Ariel commence par prendre soin d'une vieille dame un peu bigote, sans grand succès. Jusqu'à ce qu'il découvre son nouveau protégé, Aaro Korhonen, un homme dont la vie, jusqu'à présent, s'est déroulée de manière plutôt satisfaisante. Mais doté d'un tel protecteur, l'existence d'Aaro va prendre un tout autre tour. Accidents de corbillard, incendie, commotions cérébrales en série... on se dit parfois qu'il vaudrait mieux ne pas avoir d'ange gardien plutôt que cet Ariel ! Car à multiplier gaffes, bêtises et erreurs en tous genres, il finit par attirer l'attention ! De Gabriel tout d'abord, qui le sermonne copieusement, puis d'un démon envoyé par Satan. Pour ce dernier, un ange capable de déclencher de telles catastrophes constituerait une bonne recrue !

Fantaisie et drôlerie sont au rendez-vous de ce roman d'A. Paasilinna qui, cependant, n'est pas ce qu'il a produit de meilleur. Mais ne boudons pas notre plaisir : les aventures de cet ange gaffeur constituent un moment de lecture agréable qui prête plus d'une fois à rire. On regrettera quand même le côté répétitif de la narration. Au final, en refermant le livre, on serait tenté de lever les yeux au ciel afin d'y détecter la présence éventuelle d'Ariel ou de l'un de ses collègues, en souhaitant surtout que - si ange gardien il y a - il soit réellement efficace et protecteur !


mercredi 1 avril 2015

Le poids des secrets

Aki Shimazaki
Babel

J'ai déjà évoqué ici mon goût pour ces auteurs japonais dont la simplicité d'expression n'a d'égal que la profondeur des sentiments et des émotions qu'ils transcrivent. Une fois encore, c'est ce qui me touche dans cette pentalogie d'Aki Shimazaki. "Le poids des secrets" est constitué de 5 petits récits publiés indépendamment les uns des autres mais que les éditions Babel ont eu la bonne idée de regrouper en un joli coffret. Outre ce critère esthétique, la démarche est judicieuse car ces 5 opuscules racontent la même histoire vue par un protagoniste différent. 

Le secret principal, c'est celui de Mariko qui a entretenu une relation adultère avec un homme marié, père d'une fillette. Ensemble, ils ont eu un enfant. Il ne fait pas bon être fille-mère dans la société traditionnelle japonaise de la première moitié du 20ème siècle, aussi Mariko ne se confiera-t-elle qu'au seuil de la mort, dans une lettre testament dévoilée dans le premier tome. Par une sorte de théorie des dominos, ce secret, qui pèsera de manière consciente ou inconsciente sur les différents narrateurs, en engendrera d'autres.

Outre les destins personnels révélés au fil des épisodes, Aki Shimazaki évoque également les heures sombres du Japon avec le tremblement de terre de Nagasaki, la seconde guerre mondiale, la bombe atomique... sans oublier des thèmes tels que le nationalisme, la discrimination, les préjugés ou l'exclusion.

Publiés sous un titre générique, chacun des 5 livres porte le nom d'un élément clé qui lui est propre - Camélia, Palourde, Hirondelle, Myosotis, Luciole -, annonçant d'emblée l'omniprésence de la nature et la dimension poétique, voire symbolique, de la narration. L'écriture simple mais délicate d'A. Shimazaki (dont on retiendra qu'elle a rédigé ce cycle en français) fait écho à la discrétion avec laquelle les différents personnages traversent leur existence, même lorsque le drame est à leur porte. 

Merci à Miss Sunalee qui m'a fait découvrir ce cycle de romans.