Folio n°5586
"Le luxe ? C'est le déploiement devers moi de vingt-quatre heures, offertes chaque jour à mon seul désir. Les heures sont de grandes filles blanches dressées dans le soleil pour me servir".
Voilà effectivement le vrai luxe : le temps. Celui qui m'a manqué ces dernières semaines pour lire et partager avec vous mes lectures. Jusqu'à ce que des amis m'offrent le livre de S. Tesson en me disant "Tu vas voir, ce livre est extraordinaire. Il te plaira".
Et oui, il m'a plu. J'ai tout de suite aimé suivre l'auteur dans son repli, son éloignement total de la société ("Le nom donné à ce faisceau de courants extérieurs qui pèsent sur le gouvernail de notre barque pour nous empêcher de la mener où bon nous semble"), dans son observation de la nature et ses contacts privilégiés avec une mésange, dans ce besoin de silence, de retrait...
Durant 6 mois, Sylvain Tesson s'est installé dans une isba de bois, loin de tout et de tous, au bord du lac Baïkal. Muni de l'équipement ad hoc pour survivre dans ce milieu que certains qualifieraient volontiers d'hostile, c'est aussi en compagnie de livres aussi divers que variés qu'il a vécu cette parenthèse érémitique : Kirkerkegaard, Lacarrière, Sade,Giono, Lao-Tseu, Hemingway... de la philosophie, des romans, des nouvelles, du théâtre. De quoi combler toutes les attentes d'un homme qui a fait le choix d'une parenthèse assez radicale.
A la fois poétique et bien ancré dans le réel, drôle et plein de (bon) sens, le récit de Sylvain Tesson a cela de fascinant qu'il nous permet, par la réflexion qu'il suscite, de trouver quelques fenêtres de respiration dans un quotidien parfois encombré.
Soyons francs : la Sibérie ne me tente pas plus aujourd'hui qu'hier : je n'aime pas le froid ! Mais il m'arrive de rêver d'une "île déserte"... Ma Sibérie à moi se trouve à un jet de pierres de mon "isba", je l'aperçois au loin, de ma fenêtre : c'est une cathédrale de hêtres où le silence, les mésanges et les couleurs me permettent de me ressourcer, de me recentrer. Et vous, à quoi ressemble votre Sibérie ?
Forêt de Soignes, lieu-dit des Enfants noyés |
Les Cyclades.
RépondreSupprimerMa Sibérie peut prendre des formes diverses, mon jardin en été me suffit déjà. Mais une plage tropicale où je n'ai rien d'autre à faire que lire, c'est encore mieux !
RépondreSupprimerPour l'hiver, je sens que je dois encore m'aménager un coin lecture douillet, avec une lampe appropriée surtout...