Points n°3326
Russie, 1937. Douze moines rescapés des massacres religieux perpétrés par les forces de Staline se donnent pour mission de sauver le patrimoine de la Sainte-Eglise de Russie. Vivant au fond des bois sous l'autorité du frère Nikodime, un colosse aux pieds d'argile hanté par son passé et tourmenté par le désir charnel, ces hommes prennent des risques quotidiens pour sauver les plus beaux trésors de l'art sacré orthodoxe des pillages et destructions orchestrés par les bolcheviques. Une fois les icônes et autres encensoirs sauvés, ils les enterrent dans une cache spécialement aménagée, au milieu d'un cimetière abandonné. Les acrobaties auxquelles ils doivent parfois se résoudre pour décrocher certaines œuvres des murs des églises leur ont donné l'idée de se nommer la confrérie des moines volants.
Paris, mai 2000. Mathias, photographe de mode renommé, découvre au décès de son père que celui-ci ne lui a peut-être pas tout raconté de sa vie et de ses origines. Une lettre cachée dans un meuble légué par son paternel lui révèle que sa grand-mère était russe et un cahier remisé au même endroit titille la curiosité de l'artiste : il répertorie des objets d'art religieux qui auraient été mis à l'abri dans un refuge ainsi qu'un plan... Commence alors pour Mathias une double quête qui le mène au pays de ses ancêtres à la recherche de ses origines et d'un patrimoine culturel important.
Entre 1918 et 1938, l'église orthodoxe russe a fait l'objet de véritables massacres : plus de 1000 monastères furent fermés, 50.000 églises furent saccagées et quelque 200.000 religieux et membres du clergé furent exécutés par le NKVD, le commissariat du peuple aux Affaires intérieures.
Mêlant le réel à l'imaginaire, y compris dans une préface qui pourrait laisser croire que la confrérie des moines volants a bel et bien existé, Metin Arditi signe ici un roman contrasté. La première partie, illustrée par des personnages hauts en couleur, est passionnante. On suit avec intérêt les opérations de sauvetage menées par ces moines portés par une foi inébranlable et conduits par le frère Nikodime en perpétuelle quête de rédemption. La seconde partie, en revanche, me laisse un peu sur ma faim. Les personnages y manquent de charisme, à l'exception peut-être de Polia, la journaliste russe qui accompagne Mathias dans ses démarches et qui incarne la Russie des années 2000. Entre non-dit, culpabilité et devoir de mémoire, cette seconde intrigue, même si elle s'inscrit dans la continuité de la première, manque un peu de rythme et de souffle. Au final, on ne sort toutefois pas déçu de la lecture de ce livre qui fait partie de la sélection 2015 du Prix du meilleur roman des lecteurs de Points.
Je partage ton avis sur ce roman :)
RépondreSupprimerBonjour Sylvie! j'ai aussi aimé ce roman, mais c'est la seconde partie qui m'a davantage plu (même si je regrette qu'elle ne soit pas plus développée). c'était ma première lecture pour le prix et j'ai passé un bon moment en tout cas! ;)
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