Traduit de l'anglais (Inde) par Annick Le Goyat
Collection 10/18 - n°4581
Kittur, petite ville imaginaire du sud de l'Inde au bord de la mer d'Oman, est une Inde en miniature. On y croise à la fois la richesse et la pauvreté, l'éducation et l'inculture, l'honnêteté et la corruption... On y croise aussi des figures telles qu'en recèle toute grande ville indienne : conducteur de rickshaw, brahmane, livreur, étudiant, commerçant...
Aravind Adiga compose son recueil de nouvelles à la manière d'un ouvrage touristique : un plan fictif de la ville permet au lecteur de repérer les lieux qu'il visitera au fil des pages : la gare, le port, le cinéma ou encore la cathédrale ; chaque nouvelle est introduite par un petit texte en italique digne d'un dépliant de l'office du tourisme. Mais derrière le vernis, chaque lieu - quatorze au total - est le théâtre d'une rencontre avec un des multiples visages de l'ancienne colonie de l'Empire britannique. Qu'il s'agisse du lycéen poseur de bombes, du brahmane communiste, du patron rançonné par la compagnie d'électricité et les impôts ou de la fillette obligée de mendier pour payer la drogue de son père, l'auteur pose un regard sans complaisance sur la société indienne et ses particularismes tels que les castes. Il dénonce aussi le travail des enfants, la corruption qui gangrène la société à tous les étages ou les rivalités entre hindous et musulmans. Pire encore : A. Adiga semble nous dire que toute tentative pour sortir de sa condition est vouée à l'échec. Et pourtant, ce n'est pas la noirceur qui domine ce recueil, mais l'émotion engendrée par ces destins contrariés. Il faut dire que l'auteur maîtrise parfaitement l'art du récit, d'autant plus difficile lorsqu'il s'agit de textes courts. En quelques pages, il parvient à nous faire entrer dans la réalité de ses personnages et à nous faire éprouver une large gamme de sentiments.
A la lecture, quiconque est allé en Inde retrouvera des odeurs, des sons, des images. Pour ceux qui n'ont jamais franchi le pas, ce livre sera peut-être une invitation ou un frein. Car voilà un pays qui ne laisse personne indifférent : on aime... ou on déteste.
Pour ma part, vous l'aurez compris, j'aime !
Aravind Adiga est également l'auteur du "Tigre blanc"
Tanjore, Inde du sud - février 2009 (© Sylvie Strobl) |
La description de cet ouvrage réveille de nombreux souvenirs .
RépondreSupprimerIl ne manque que l'odeur du jasmin !.
Bravo Syl.
Pa.