Traduit de l'anglais (Inde) par Anne-Cécile Padoux
Zulma
Un vieux temple abandonné au bord de la rivière : voilà un endroit idéal pour un homme à peine sorti de prison qui cherche où passer la nuit. Persuadé d'y trouver le calme nécessaire à la réflexion, Raju s'installe, loin d'imaginer que sa tranquillité sera de courte durée. "J'ai un problème, monsieur". Ainsi l'interpelle Velan, un paysan du coin que sa naïveté incite à croire que tout individu vivant dans un temple est un "Sage".
Le problème, c'est sa jeune soeur qui refuse d'épouser l'homme auquel elle est destinée. Peut-être le saint homme pourrait-il lui parler, la convaincre... Quelques offrandes plus tard, Velan est de retour avec sa soeur, mais Raju n'est pas d'humeur. Sous prétexte de devoir réfléchir, il renvoie le paysan et la jeune femme. Or, miracle : celle-ci change d'avis et se résout au mariage. Il n'en faut pas plus pour que la réputation de Raju soit faite : c'est un véritable sage, un saddhu qu'il faut honorer. Dès lors, tous se pressent au temple pour déposer des offrandes et demander audience au "Swami" qui profite sans vergogne de la situation.
Oui mais voilà, Raju n'est pas plus saint que vous et moi ! Et son incapacité à faire tomber la pluie alors que la région tout entière se meurt sous la sécheresse l'incite à révéler sa véritable identité. Avant d'être emprisonné, Raju était guide touristique. Un guide qui savait comment satisfaire ses clients et jouissait d'une bonne réputation. Jusqu'à sa rencontre fatale avec Marco, un archéologue, et sa femme Rosie, férue de danse...
Sur le thème de l'imposture et de la crédulité, R.K. Narayan, grand maître de la littérature indienne, livre une satire savoureuse d'une société partagée entre tradition et modernité. De Raju à Gaffur, son ami chauffeur, en passant par Rosie, le barbier à qui Raju confie sa barbe en sortant de prison ou encore son oncle, chaque figure haute en couleur nous plonge dans l'un ou l'autre aspect de la réalité indienne : l'importance des croyances, le respect que l'on doit à la famille, le poids de l'héritage culturel... Mais au-delà de l'Inde et de ses particularismes, c'est sur l'homme et ses travers que l'auteur nous interpelle. La soif de reconnaissance et de célébrité qui anime Raju est-elle si différente de celle qui anime nombre de nos contemporains prêts à tout pour briller au firmament d'une gloire éphémère ? Ecrit en 1958, Le guide et la danseuse pourrait bien avoir des allures prophétiques !
"Sa barbe à présent effleurait sa poitrine..." (Temple de Chidambaran, Indes du sud) |
Je note, ça me plaît beaucoup !
RépondreSupprimerBonne lecture, Nathalie !
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