Le Livre de Poche n°32783
Voilà un roman qui tient de la fresque historique, de l'étude sociologique et de la galerie de portraits ! Pour nous conter l'histoire de l'Iran du 20e siècle, de l'avènement du Chah au retour des ayatollahs, Nahal Tajadod nous entraîne dans une folle journée, celle de Fereydoun, réalisateur de feuilletons à succès qui doit rencontrer Monsieur V., homme politique et biographe iranien de Victor Hugo.
Si Monsieur V. n'est pas au rendez-vous, la visite qu'effectue le réalisateur à son domicile est prétexte à quelques rencontres hautes en couleurs : Massoud l'électricien, grand amateur de cinéma qui s'est détourné peu à peu des écrans noirs pour se lancer dans une lecture stricte du Coran, Gol Bibi la cuisinière qui rêve d'un petit rôle dans un feuilleton, Eva la joueuse de tennis suédoise... mais aussi Mr Talebi, le tailleur, ou encore le jardinier. Sans oublier Ensiyeh, fille d'un chef de tribu kurde et grand propriétaire terrien, élevée comme un garçon puisque aucune des femmes épousée par son père ne lui a donné d'héritier mâle. Exilée à Téhéran à la mort de ce père dont elle défend la mémoire, Ensiyeh fait la connaissance de Fereydoun qui en tombe amoureux ; à elle seule, elle symbolise la condition de la femme en Iran.
D'une page à l'autre, d'un chapitre à l'autre, Nahal Tajadod revisite l'histoire de son pays symbolisée par diverses étapes importantes : l'interdiction du port du voile en 1936 et le retour du tchador en 1979, la confiscation des terres et des biens des chefs de tribus locaux, l'ouverture à la culture occidentale et le retour à un islamisme radical... Tout cela, l'auteur nous le relate à travers différents épisodes de vie de ses personnages. Cela tient parfois du vaudeville tant on a l'impression que les protagonistes entrent par une porte et sortent par une autre, c'est enlevé, instructif, jamais ennuyeux... et surtout, cela permet de découvrir différents aspects de ce pays dont on parle assez peu. Heureusement que des auteurs comme N. Tajadod ou Marjane Satrapi (créatrice de Persepolis et de Poulet aux prunes) ou des réalisateurs comme Jafar Panahi (Le cercle), Asghar Farhadi (A propos d'Elly) ou encore Bahman Ghobadi (Les chats persans) nous permettent d'entrouvrir une fenêtre pour découvrir la réalité de la culture et de la société iraniennes.
De Nahal Tajadod, on lira aussi avec bonheur "Passeport à l'iranienne".
De Nahal Tajadod, on lira aussi avec bonheur "Passeport à l'iranienne".
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