Sri Lanka, plantation de thé à Nuwara Eliya (© Sylvie Strobl)

dimanche 15 septembre 2013

La relieuse du gué

Anne Delaflotte Mehdevi
Babel n°1185


Je ne vous emmène pas très loin cette semaine ! A défaut de voyage dans d'autres contrées, je vous propose un roman plein d'odeurs, de senteurs... un voyage à travers les sens et à travers l'histoire. Un de ces petits bijoux qui, dès les premières pages, vous donne envie de vous caler confortablement dans un fauteuil, devant une théière fumante, et de ne plus en bouger, juste tourner les pages...

Après avoir mené brièvement une carrière de diplomate, Mathilde est revenue à l'essentiel : marchant sur les traces de son grand-père, elle s'adonne à la reliure. C'est dans un petit village de Dordogne qu'elle a installé son atelier, loin de Paris et de ses tumultes. Elle s'y est fait quelques amis mais ses journées, c'est principalement avec les livres qu'elle les passe, et en compagnie de Cyrano de Bergerac dont elle a toujours un exemplaire à portée de main afin de s'y ressourcer. 

Dans son atelier où papiers, cuirs, outils et fers à dorer se côtoient, elle redonne vie aux livres qui ont souffert, les recoud, les recolle, leur consacre toute son attention... Un matin, un personnage énigmatique vient lui confier un ouvrage qu'il porte comme un trésor et qui contient des dessins et aquarelles de belle facture. Mathilde est à la fois fascinée par le visiteur et par le volume qu'il lui confie. Quelques heures plus tard, l'homme décède, renversé par une voiture, et la jeune femme - qui ignore jusqu'à son nom - se retrouve dépositaire d'un livre dont elle veut percer les secrets. Commence alors une quête qui la mène d'une forêt de châtaigniers à un ancien moulin, d'une colline à un chantier de fouilles... et qui, au gré des rencontres, lui permet peu à peu de reconstituer l'histoire de l'inconnu et de son livre, mais aussi l'histoire d'une famille, d'un village... avant  de toucher du doigt sa propre trajectoire familiale.

Avec ce premier roman, Anne Delaflotte Mehdevi nous ouvre les portes d'un métier qu'elle connaît bien puisqu'elle le pratique. Au-delà du relieur, c'est aux artisans en général qu'elle rend hommage à travers ses personnages, qu'ils soient horloger, cordonnier, boulanger... Son écriture fluide nous plonge dans un univers d'odeurs et d'authenticité : parfums du cuir et de la colle, de la forêt et de l'humidité, des chouquettes et du pain frais... 
Roman  de transmission et de filiation, à l'écriture sensible, "La relieuse du gué" est un livre chaleureux qui excelle à créer une atmosphère et à procurer une émotion douce et profonde. Ne vous en privez pas !


"Les couvertures (...) étaient recouvertes de maroquin couleur d'un caramel blond..." (© Sylvie Strobl)

6 commentaires:

  1. Ça donne envie! Merci Sylvie!

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    1. Dis-moi Sylvie, ça ressemble pas un peu à du Balzac dans le style?

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    2. Il n'a pas sauvé mon nom, c'est moi, Edwin

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  2. Pas toujours le temps de lire ces romans pour lesquels tu m'ouvres si bien l'appétit. Mais je prends toujours le temps de lire tes critiques et de savourer ta plume, ma chère Sylvie...

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  3. Edwin, je ne dirais pas que ça ressemble à du Balzac dans l'écriture. En revanche, pour ce qui est de la peinture sociale, par exemple, oui ça peut y faire penser !

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  4. Non, je parlais pour les descriptions à rallonges... Dans un autre style, je préfère celui de Daudet...

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