Sri Lanka, plantation de thé à Nuwara Eliya (© Sylvie Strobl)

dimanche 8 septembre 2013

Le miel d'Harar

Camilla Gibb
Traduit de l'anglais (Canada) par Paule Noyart
Babel N°1147


Sur les conseils d'une lectrice avisée, j'ai découvert le livre de Camilla Gibb, "Le miel d'Harar". Dès les premières pages, j'ai été happée par l'histoire de Lilly, jeune anglaise élevée par des parents bohèmes qui décèdent au Maroc alors qu'elle n'est encore qu'une enfant. Prise en charge par un maître Soufi qui l'initie à une lecture ouverte et tolérante du Coran, Lilly se rend en Ethiopie avec son frère afin de se recueillir sur le tombeau de leur saint protecteur. Mais là où Hussein trouve une légitimité, son statut de femme blanche constitue un véritable handicap et la met à l'écart de la société. 

A Harar, quatrième ville sainte de l'islam, la jeune femme tente malgré tout de se faire accepter. Dans le quartier défavorisé où elle s'est installée, elle enseigne le Coran à des enfants et cherche à conjuguer l'islam exigeant mais ouvert qu'on lui a transmis avec un islam plus traditionaliste dans lequel elle ne se reconnaît pas toujours. Son quotidien se partage entre une forme de survie et les moments d'espoir que lui apportent ses rencontres avec le Dr Aziz, un médecin noir dont elle tombe peu à peu amoureuse. Bientôt pourtant, ce sera à nouveau l'exil : les troubles politiques du début des années '70 conduisent peu à peu à l'insécurité ; le régime d'Haïlé Séllassié vacille et Lilly se voit contrainte de fuir ce pays qu'elle a adopté et de quitter l'homme qu'elle aime.
Réfugiée à Londres où se recrée peu à peu des racines auprès de la communauté éthiopienne, Lilly devra se reconstruire, tout en tentant de faire le deuil de son pays et de son amour.

Roman foisonnant, riche en couleurs, en senteurs... riche aussi par les personnages qui le traversent et par les traditions qu'il décrit, "Le miel d'Harar" est dépaysant à chaque ligne, qu'elle se situe en Ethiopie ou en Angleterre. En nous faisant partager le destin de Lilly, Camilla Gibb nous offre une formidable leçon d'histoire. Elle nous ouvre aussi à une réflexion sur l'islam par le biais de deux "écoles" différentes : le soufisme et le traditionalisme, pour ne pas dire l'intégrisme.
Voilà un livre qui mérite une lecture attentive, en profondeur, pour en saisir tous les méandres, et qui ne se laisse pas oublier, une fois la dernière ligne achevée. Merci à Emilie de m'avoir incitée à le lire, en espérant à mon tour vous donner l'envie de vous y plonger !

1 commentaire:

  1. Comme je suis heureuse que le livre vous ait plu autant qu'à moi! Merci pour ce blog, source d'inspiration pour mes lectures...

    RépondreSupprimer

Pour vous aider à publier votre message, voici la marche à suivre :

1) Ecrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessous
2) Si vous avez un compte, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante Commentaire
Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL
3) Cliquer sur Publier

Si vous vous identifiez comme "anonyme" et que nous nous connaissons, laissez-moi un petit indice afin que je puisse vous reconnaître !
Merci d'avance !