Sri Lanka, plantation de thé à Nuwara Eliya (© Sylvie Strobl)

dimanche 20 avril 2014

Peste et Choléra

Patrick Deville
Points n°3120
Prix Femina 2012


Si je vous dis "Alexandre Yersin", il y a fort à parier que ce nom n'évoquera rien pour vous. L'histoire a "oublié" ce chercheur oeuvrant dans le sillage de Pasteur, auquel on doit pourtant quelques découvertes remarquables dont celle du bacille de la peste, Yersinia Pestis. C'est donc lui rendre justice de se pencher sur son existence comme le fit Patrick Deville : grand voyageur lui-même, il ne pouvait qu'être fasciné par celui dont la vie ressemble à roman d'aventure.

Né en Suisse en 1863 et mort quelque 80 ans plus tard au Vietnam, chercheur à l'Institut Pasteur avant de s'engager comme médecin dans la marine, baroudeur, agronome, architecte, botaniste, cartographe... Yersin aura traversé l'existence guidé par une insatiable curiosité qui le fit très vite délaisser les laboratoires pour partir à la découverte du monde. L'Indochine, l'Inde, Hong-Kong, le Yémen, Madagascar... partout il trouve source à s'interroger. Mais c'est au Vietnam, à Nha Trang plus précisément, qu'enfin il se sent chez lui. C'est là qu'il construit sa maison selon ses propres plans, là aussi qu'il plante son premier hévéa avant de se lancer dans une production industrielle qui lui permet de travailler avec Michelin.

Si ce récit est celui de l'existence d'un homme libre et brillant, c'est aussi celui d'une époque  à cheval sur deux siècles, traversée par de grandes figures (les autres membres de la "bande à Pasteur" mais aussi Rimbaud, par exemple, dont l'ombre est omniprésente au fil des pages) et de grands événements (la Première, puis la Deuxième Guerre, entre autres). Derrière le destin d'un homme, c'est celui, plus large, d'une partie de l'humanité qui transparaît et sert de cadre de référence, tous continents confondus.

L'écriture de Patrick Deville se met au service de cette vie trépidante : des phrases courtes, un rythme rapide... et, malgré d'incessants va et vient entre les différentes périodes de la vie de Yersin, l'usage du présent pour donner plus d'épaisseur au récit. Sans oublier la présence discrète de l'auteur sous les traits du "fantôme du futur", témoin privilégié de l'épopée de son héros. On ne peut que se laisser porter par cette vie riche et féconde qui n'est pas sans évoquer Jules Verne ou Stevenson, la fiction en moins !


Nord du Vietnam (© Sylvie Strobl)






4 commentaires:

  1. Ca me tente bien ce livre là dis donc! Merci pour la découverte!

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  2. Un livre que j'ai beaucoup aimé également !

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    1. Il me semble me souvenir que tu en avais parlé sur ton blog...

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