Sri Lanka, plantation de thé à Nuwara Eliya (© Sylvie Strobl)

dimanche 10 février 2013

Accabadora

Michela Murgia
Traduit de l'italien par Nathalie Bauer
Points n° 2858

Sélection 2013 Prix du meilleur roman des lecteurs de Points.


Je ne sais pas vous, mais pour ma part, j'aime les histoires de filiation, de tradition, de passage... Les histoires de terroir aussi, où l'on sent à quel point le lieu de naissance et la culture qui s'y rattache façonnent les êtres. C'est pour cela que j'ai tant aimé "Le coeur cousu" de Carole Martinez, ou "Le soleil des Scorta" de Laurent Gaudé. C'est pour cela aussi que je vous recommande chaudement "Accabadora".

Ce petit roman nous transporte en Sardaigne, dans les années 50, dans un village où tout se voit, tout se sait... et tout se tait. Tzia Bonaria est couturière. Veuve sans enfant, elle a accueilli chez elle la petite Maria, 4ème fille d'une famille pauvre, considérée comme l'enfant de trop. Chez Tzia, Maria trouve un foyer rude mais aimant. Elle va à l'école, apprend la couture... et grandit en respectant les principes de sa mère adoptive : il y a "ce qui se fait et ce qui ne se fait pas". 

Dans cet univers bien réglé, la seule chose que Maria ne comprend pas, ce sont les absences nocturnes de Tzia. Que fait-elle lorsqu'elle sort, enveloppée dans son grand châle noir ? A l'adolescence, la jeune fille découvre la vérité : Tzia est l'Accabadora du village, la dernière mère : celle que la famille appelle pour soulager les souffrances des mourants et les aider à partir.

Cette révélation est un choc pour Maria qui ne peut accepter l'idée que sa mère mette fin aux jours de ses semblables. Elle préfère fuir. Mais le moment venu, pourra-t-elle renoncer à ce lourd héritage ? 

Alors que certains Etats s'interrogent sur le droit pour chacun de mourir dans la dignité, "Accabadora" pose la question de l'euthanasie avec beaucoup de pudeur et de délicatesse, d'une façon qui n'est ni triste, ni lugubre. Ce serait même le contraire. L'auteur célèbre la vie à sa façon, dans une langue simple et poétique. L'écriture ne se perd pas en détails inutiles, laissant à chacun le soin de s'approprier le récit, un peu à la manière d'un conte qu'on se transmettrait, de mère en fille, le soir au coin du feu...




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